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désigné. Comme c’était tout ce que j’étais venu chercher à Lindenberg, je me hâtai de quitter les domaines du baron, pressé que j’étais également d’accomplir les obsèques de la nonne assassinée et d’échapper aux importunités d’une femme que je détestais. Je partis, suivi des menaces de doña Rodolpha qui me prédit que mon dédain ne serait pas longtemps impuni.

« Je tournai mes pas en toute diligence vers l’Espagne. Lucas m’avait rejoint avec mon bagage pendant mon séjour à Lindenberg. J’arrivai sans accident dans mon pays natal, et je me rendis immédiatement au château de mon père en Andalousie. Les restes de Béatrix furent déposés dans le caveau de notre famille, je fis célébrer toutes les cérémonies requises et dire le nombre de messes qu’elle avait réclamé. Rien ne m’empêchait plus d’employer tous mes efforts à découvrir la retraite d’Agnès. La baronne m’avait assuré que sa nièce avait déjà pris le voile : je soupçonnais cette nouvelle d’avoir été fabriquée par jalousie, et j’espérais trouver encore ma maîtresse libre d’accepter ma main. Je m’enquis de sa famille : j’appris qu’avant que sa fille pût atteindre Madrid, doña Inésilla était morte. Vous, mon cher Lorenzo, on vous disait en voyage, mais où, je ne pus le savoir ; votre père était dans une province éloignée, en visite chez le duc de Médina ; et quant à Agnès, personne ne pouvait ou ne voulait m’instruire de ce qu’elle était devenue. Théodore, conformément à sa promesse, était retourné à Strasbourg, où il trouva son grand-père mort et Marguerite en possession de l’héritage. Toutes les instances qu’elle lui fit pour le retenir furent infructueuses : il la quitta de nouveau et me suivit à Madrid. Il se mit en quatre pour seconder mes recherches ; mais nos efforts réunis n’obtinrent pas de succès ; la retraite qui cachait Agnès resta