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LXXIII

(qu’on peut traduire, bien que ce soit un nom propre, par son équivalent français, veau ou génisse, et mieux encore par le capitaine Braillard, traduction qui rendrait très-bien la pensée intime de Cervantes), le capitaine Becerra étant venu à Séville pour instruire les troupes qui devaient prendre part à l’expédition, Cervantes fit à ce sujet, et à l’occasion de l’entrée du duc de Medina-Celi dans Cadix, le sonnet suivant :

« Nous avons vu en juillet une nouvelle semaine sainte, avec grande affluence de ces confréries, que les militaires nomment compagnies, et dont le vulgaire s’effraye et non pas l’Anglais.

Il y eut une telle quantité de plumes, qu’en moins de quatorze ou quinze jours, pygmées et géants volèrent à l’envi ; et que l’édifice croula par la base. Le veau beugla et les mit en enfilade ; la terre tonna, le ciel s’obscurcit ; tout annonçait une grande catastrophe.

Et finalement, d’un train très-ordinaire (lorsque le comte [d’Essex] était déjà parti sans défiance) le grand duc de Médine entra dans Cadix en triomphe. »


El Capitan Becerra vino á Sevilla, á enseñar lo que habian de hacer los soldados, y á esto y á la entrada del duque de Medina en Cadiz hizo Cervantes este

SONETO.

Vimos en Julio otra semana santa,
Atestada de ciertas cofradias,
Que los soldados llaman Compañias,
De quien el vulgo y no el Ingles se espanta.

Hubo de plumas muchedumbre tanta,
Que en menos de catorce ó quince dias
Voláron sus pigmeos y Golias,
Y cayó su edificio par la planta.

Bramó el Becerro, y pusolos en sarta
Tronó la tierra, escurecióse el cielo,
Amenazando una total ruina: