Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 152 —

sidérable, mais assez complet. Il y ajouta un poëme héroïque dans le goût chevaleresque, dont une partie seulement fut publiée en 1586, sous ce titre : L’Angélique ou les larmes d’Angélique (« Primera parte de la Angélica. » Granada, in-4). C’est une imitation du Roland furieux et la suite de ce inimitable poëme. Barahona ne fut point effrayé par le fameux vers dont s’est souvenu Cervantes, en terminant la première partie de Don Quichotte :

Forsè altri canterá con miglior plettro,

et reprenant l’archet, il prétendit achever le récit des aventures de son héroïne. Malgré son grand succès, l’Angélique de Barahona n’eut pas les honneurs d’une seconde édition, et la seconde partie ne suivit pas la première. En revanche, l’auteur fut loué sans ménagement par les poëtes les plus illustres de son époque.

Cervantes a bien traité Barahona en toute occasion, et particulièrement dans ce fameux passage où nous voyons soumis à un rigoureux examen les principaux livres qui étaient dans la bibliothèque de Don Quichotte. L’Angélique échappe aux mains de l’impitoyable gouvernante, et le curé déclare que l’auteur de ce poëme était au premier rang parmi les poëtes les plus illustres. On a trouvé depuis que l’amitié de Cervantes pour Barahona s’était montrée trop indulgente. Il est certain que les satires valent infiniment plus que le poëme héroïque, et que Sedano a rendu un véritable service aux lettres espagnoles, en les faisant connaître au public. Dans l’épître dédicatoire à don Juan Tellez Giron, marquis de Peñafiel, fils du duc d’Osuna, Barahona de Soto nous apprend qu’il avait pris part à la guerre de Grenade contre les Mo-