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melle à l’illustre cohorte. Les clairons retentirent de nouveau, et Mercure, comblé d’aise, sans craindre le mauvais augure des dauphins, livra les rames aux flots et les voiles au vent.


CHAPITRE III.

Les rames de la galère royale étaient un assemblage de dactyles ; sous leur impulsion, le vaisseau glissait légèrement sur la mer. La voile, tendue jusqu’au chouquet, était un tissu de pensées très-déliées, ouvrage de l’amour. Des zéphirs amoureusement soufflaient contre la poupe, et ils se montraient uniquement attentifs au succès du grand voyage. Tout autour voguaient les sirènes, poussant le superbe navire, et le faisant voler sur les flots. Les ondes de la blanche mer simulaient un tapis onduleux, et sur la verdoyante plaine jetaient des reflets azurés. Tous ceux qui étaient dans le vaisseau prenaient plaisir, les uns à chercher une rime rebelle, les autres à chanter, les autres à composer. Ceux qui passaient pour être instruits des nouveautés récitaient des sonnets, consacrés la plupart à des histoires d’amour. Quelques-uns, tout confits