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Le Beg ne fait point d’attention à ſes prieres, & ſ’obstine à la donner au Kadi d’Imoski. Alors elle le prie de nouveau : puiſque tu veux abſolument me marier, envois au moins une lettre en mon nom au Kadi, & dis-lui : la jeune veuve te ſalue & te prie par cet écrit, que quand tu viendras la chercher, accompagne des ſeigneurs Svati, de lui apporter un voile, avec lequel elle puiſſe se couvrir, afin qu’en paſſant devant la maiſon d’Aſan, elle ne voie pas ſes enfans orphelins.

Après avoir reçu la lettre, le Kadi aſſemble ſur le champ les ſeigneurs Svati pour chercher ſon épouſe, & pour lui porter le long voile qu’elle demande. Les Svati arrivent heureuſement à la maiſon de l’épouse, & la conduiſent avec le même bonheur vers la demeure de ſon époux.

Arrivée, chemin faisant, devant la maiſon d’Aſan, ſes deux filles la voyent d’un balcon, & ſes deux fils courent à sa rencontre, en criant : « chere mere reſte avec nous ; prens chez nous des rafraichiſſemens ».

La triſte veuve d’Aſan, entendant les cris de ſes enfans, ſe tourne vers le premier Svati : « Pour l’amour de Dieu, cher & vénérable arrête les chevaux près de cette maiſon, afin que je donne à ces orphelins quelque