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dans les environs de la ville de Chartres pour s’y livrer à de minutieuses observations.

Ces recherches et mille autres qui correspondent, dans ma pensée, au grand acte de la transformation de la matière organique, après la mort, et du retour obligé de tout ce qui a vécu au sol et à l’atmosphère, ne sont compatibles qu’avec l’installation d’un vaste et riche laboratoire.

Le temps est venu l’affranchir les sciences expérimentales des misères qui les entravent. Tout nous y invite : l’excitation d’un grand règne et la nécessité de maintenir la supériorité intellectuelle de la France vis à vis des efforts de nations rivales.

Sous l’inspiration de ces généreux desseins, j’ai proposé à Son Excellence le Ministre de l’instruction publique la fondation, sous ma direction, d’un laboratoire de chimie physiologique largement doté. En chimie animale, j’essaierais de devenir le disciple de notre grand physiologiste, Claude Bernard, que la maladie arrête momentanément au milieu de ses triomphes. En chimie végétale, je poursuivrais la voie ouverte par mes travaux personnels.

J’ose espérer, Sire, que Votre Majesté daignera approuver mon projet. Il serait digne d’inaugurer la nouvelle ère de la prospérité qu’Elle réserve à l’enseignement supérieur et au progrès des sciences et de leurs applications.

Je suis, avec le plus profond respect,
Sire ;
de Votre Majesté
le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur
L. Pasteur
membre de l’académie des sciences