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galité, de la liberté, ne convenoit point a la férocité de ces hommes de sang. Que votre conduite contraste entièrement avec la leur. Charité est le cri de l’évangile, vos pasteurs le feront retentir au milieu de vous ; ouvrez vos cœurs à cette morale divine dont ils sont les organes. Nous avons allégé vos peines, allégez celle de ces malheureuses victimes de l’avarice qui arrosent vos champs de leurs sueurs et souvent de leurs larmes ; que l’existence ne soit plus pour les esclaves un supplice ; par vos bienfaits à leur égard, expiez les crimes de l’Europe. En les amenant progressivement à la liberté, vous accomplirez un devoir, vous vous préparerez des souvenirs consolateurs, vous honorerez l’humanité, vous assurerez la prospérité des colonies. Telle sera votre conduite envers vos frères les nègres : mais que devez-vous faire à l’égard de vos pères les blancs ? Sans doute il vous sera permis de verser des pleurs sur les cendres de Ferrand de Baudière, de cet infortuné Ogé, légalement assassiné, et mourant sur la roue, pour avoir voulu être libre ; mais périsse celui d’entre vous qui oseroit concevoir contre vos persécuteurs des pro-