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jours avec la petite fille et moi je dormais. De temps à autre elle entamait le récit de son histoire, me racontait comme quoi c’était contre son gré qu’elle avait épousé mon barine… elle avait été forcée à ce mariage par une méchante belle-mère… jamais elle n’avait pu aimer son mari. Mais l’autre, le remonteur, elle l’aimait… elle s’était donnée à lui après avoir vainement essayé de résister à sa passion.

— Car, mon mari, comme tu le sais toi-même, me disait-elle, — est un homme qui n’a aucun soin de sa personne, tandis que l’autre s’habille toujours très proprement. Il est fort bon pour moi, mais malgré cela je ne puis être heureuse, parce que je suis privée de mon enfant. À présent nous sommes venus ici lui et moi, nous logeons chez un de ses camarades, mais j’ai peur que mon mari ne vienne à le savoir, aussi je vis dans des transes continuelles. Nous devons bientôt partir et j’aurai encore la douleur d’être séparée de ma fille.