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mon crime, et il décida que je serais fouetté aussi cruellement que possible, puis exclu du service de l’écurie et envoyé au jardin anglais où je casserais des cailloux… Je fus fouetté sans miséricorde, à telles enseignes que je ne pus même pas me relever et qu’on dut me rapporter sur une natte chez mon père… Cela ne m’aurait encore rien fait, mais être condamné à rester à genoux dans une allée du jardin et à casser des pierres avec un marteau, c’était pour moi un supplice si terrible qu’après avoir longuement cherché un moyen de m’y soustraire, je résolus d’en finir avec la vie. Muni d’une corde solide que je m’étais fait donner par un laquais, j’allai le soir prendre un bain, ensuite je me rendis dans un petit bois de trembles situé derrière le pailler ; je m’agenouillai, je priai pour tous les chrétiens, j’attachai ma corde à une branche d’arbre, je fis un nœud coulant et j’y introduisis ma tête. Il ne restait plus qu’à donner un branle à la corde et c’était une affaire faite… Pendant tous ces préparatifs,