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pour une autre raison, parce que je m’étais mis à prophétiser.

— À prophétiser ?

— Oui. Dans la cave, le découragement finit par s’emparer de moi ; je songeais avec douleur que mon esprit était très faible, que j’avais déjà eu beaucoup à souffrir par suite de cela, et que je ne faisais aucun progrès dans la perfection. Je m’adressai donc par l’entremise d’un novice à l’un de nos moines les plus éclairés ; je lui fis demander si je pouvais prier Dieu pour qu’il m’envoyât un autre esprit plus approprié à mon état. Voici quelle fut sa réponse : « Qu’il prie comme on doit le faire, et alors qu’il attende ce qu’on ne peut attendre. » Je me conformai à cette instruction : pendant trois nuits je restai à genoux dans ma cave, et j’élevai ma prière vers le ciel ; ensuite j’en attendis l’effet dans mon âme. Mais notre monastère possédait un autre religieux nommé Gérontii, homme fort érudit qui avait toutes sortes de livres et de journaux. Il me prêta un jour la vie de sa