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tenait dans son domaine des tisserands et, en général, des ouvriers de toute sorte ; mais l’objet principal de son attention était le haras. Quoique pour chaque chose il y eût des hommes spéciaux, le service le mieux organisé était encore celui de l’écurie. De même qu’autrefois, dans l’armée, le fils d’un soldat se voyait invariablement destiné à l’état militaire, de même chez nous on était, de père en fils, qui cocher, qui palefrenier, qui préposé à la nourriture des chevaux. Mon père était le cocher Sévérian, et, quoiqu’il n’occupât point le premier rang parmi ses collègues, lesquels étaient très nombreux, il ne laissait pas d’avoir six chevaux sous sa direction. Je n’ai pas connu ma mère : elle mourut en me donnant le jour. Je suis ce qu’on appelle un fils imploré. N’ayant pas d’enfants et désirant beaucoup en avoir un, ma mère ne cessait de prier Dieu à cet effet, mais ma naissance lui coûta la vie, parce que je vins au monde avec une tête démesurément grosse ; cette circonstance fut cause qu’au lieu de m’appeler Ivan Flaguine,