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soldats disparurent incontinent dans le Koï-Sou. Nous tirâmes à nous le câble, nous le confiâmes à deux autres hommes de bonne volonté et, après que ceux-ci se furent à leur tour élancés dans la rivière, nous dirigeâmes contre les retranchements ennemis un feu bien nourri, mais qui ne fit aucun mal aux Tatares, car nos balles n’atteignaient que les rochers ; quant à ces mécréants, à peine eurent-ils tiré sur nos nageurs qu’un nuage de sang se répandit à la surface de l’eau, et le gouffre engloutit deux nouvelles proies. Un troisième couple envoyé par nous eut le même sort que les précédents : il fut coulé bas par les Tatares avant même d’être parvenu au milieu du Koï-Sou. Cette fois il ne se trouva plus guère d’amateurs pour tenter le passage de la rivière ; chacun, en effet, comprenait que c’était aller au-devant d’une mort certaine, et pourtant il fallait châtier les scélérats.

— Écoutez, mes bienfaiteurs ! dit le colonel. — N’y a-t-il point parmi vous quelqu’un