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pas davantage. Une seule pensée m’occupait : l’âme de Grouchka était maintenant perdue, je devais souffrir pour elle et la racheter de l’enfer. Mais comment m’acquitter de ce devoir ? je me le demandais en vain et je souffrais cruellement de ne pouvoir répondre à cette question.

Tout à coup quelque chose frôle mon épaule. Je regarde : c’est une branche morte qui s’est détachée du cytise et qui roule au loin. Soudain apparaît Grouchka, mais elle est toute petite, on ne lui donnerait pas plus de six ou sept ans et elle a aux épaules de petites ailes. À peine l’ai-je aperçue qu’elle s’éloigne de moi avec la rapidité de l’éclair, je ne vois plus qu’un nuage de poussière qui s’élève derrière elle.

« Assurément, pensai-je, c’est son âme qui m’accompagne ; sans doute elle me guide, me montre le chemin. » Et je me mis en route. Je marchai toute la journée sans savoir moi-même où j’allais. Je n’en pouvais plus de fatigue quand soudain vint à passer