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XIX


Je m’enfuis, éperdu, de ce lieu ; je me souviens seulement que je croyais toujours avoir à mes trousses un être d’une taille gigantesque, une sorte de fauve effronté dont le corps nu, tout noir et couvert de poils, était terminé par une petite tête affectant la forme d’une lune. Je supposais que c’était ou Caïn ou Satan lui-même, je courais toujours pour lui échapper et j’invoquais mon ange gardien. Quand je repris mes sens, je me trouvais sur un grand chemin, sous un cytise. C’était en automne, par un temps sec et froid ; le soleil brillait, mais le vent soulevait la poussière de la route et faisait tourbillonner les feuilles jaunies. Quelle heure était-il ? En quel endroit étais-je ? Où conduisait ce chemin ? je l’ignorais. Que fallait-il que je fisse ? je ne le savais