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— Je n’en puis imaginer aucun de plus terrible que celui-là.

— Eh bien ! moi, j’en ai imaginé un. Profère-le sans hésiter.

J’eus la sottise de le lui promettre, et elle poursuivit :

— Maudis mon âme comme tu as maudit la tienne, pour le cas où tu n’accomplirais pas la demande que je vais te faire.

— Soit, consentis-je, et j’appelai aussi sur son âme la malédiction divine.

— Eh bien ! maintenant, écoute, dit Grouchka : — sois au plus tôt un sauveur pour mon âme ; je n’ai plus la force de vivre ainsi ; sa trahison et ses outrages me font trop souffrir. Si je vis encore vingt-quatre heures, je les tuerai tous les deux, et si je les épargne, j’en finirai moi-même avec l’existence, c’est-à-dire que je perdrai mon âme pour l’éternité… Aie pitié de moi, mon cher ami, mon bon frère : donne-moi tout de suite un coup de couteau dans le cœur.

Saisi d’épouvante, je fis sur elle le signe