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remplissent l’air de leurs vociférations, tandis que, malgré ma grossesse, je file plus rapidement qu’un cheval emporté. Toute la nuit je courus à travers la forêt. L’aurore me surprit dans un endroit du bois où se trouvaient des troncs d’arbres qu’on avait creusés intérieurement pour y élever des abeilles. Là m’aborda un vieillard dont la voix cassée par l’âge était inintelligible. Toute sa personne était couverte de cire et sentait le miel ; des abeilles s’ébattaient dans ses sourcils jaunes. Je lui dis que je voulais te voir, Ivan Sévérianitch, et il me répondit :

— Crie le nom du gars une première fois sous le vent, puis contre le vent ; il se sentira inquiet, il ira à ta recherche et vous vous rencontrerez.

Il m’offrit de l’eau pour étancher ma soif et m’invita à me restaurer en mangeant quelques tranches de concombre recouvertes de miel. Après avoir bu l’eau et mangé le concombre, je me remis en marche. Suivant le conseil du vieillard, je t’ai appelé d’abord sous le vent,