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jamais plus il ne connaîtra un amour comme le mien ; tu peux le lui dire de ma part, dis-lui : « Voilà ce que Grouchka t’a prédit avant de mourir. »

Je remarquais avec plaisir que sa langue se déliait, je la pressai de questions : que s’était-il donc passé entre eux ? Qu’est-ce qui avait amené tout cela ?

— Ah ! répondit mon interlocutrice en frappant ses mains l’une contre l’autre, — il ne s’est rien passé entre nous et son inconstance seule a tout fait… J’ai cessé de lui plaire, voilà l’unique cause de tout ce qui est arrivé, continua-t-elle avec des larmes dans la voix. — Malgré ma grossesse, il voulait que je portasse des robes étroites et à taille ; je les mettais avec beaucoup de peine et, quand il me voyait sanglée dans ces vêtements, il disait d’un ton courroucé : « Ôte-les, cela ne te va pas ! » Mais si je me montrais à lui en déshabillé, il se fâchait deux fois plus fort… « À qui ressembles-tu ? » criait-il. Je comprenais qu’il était irrévocablement perdu pour