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ment elle est vêtue : sa robe, — une petite robe d’indienne, de couleur foncée, — est toute en lambeaux et ses pieds sont à nu dans ses chaussures.

— Dis-moi, questionnai-je, — d’où viens-tu ? Où as-tu été et comment se fait-il que tu sois si mal attifée ?

À ces mots, elle sourit tout à coup.

— Quoi ?… Est-ce que je ne suis pas belle ?… Je suis belle !… c’est mon cher et tendre ami qui m’a ainsi arrangée en récompense de mon fidèle amour. Je lui ai sacrifié mes sentiments pour un homme que j’aimais plus que lui, je me suis donnée à lui tout entière, follement, sans réserve, et, en retour, il m’a enfermée dans une forteresse, il a mis ma beauté sous la garde d’un tas de sentinelles…

En achevant cette phrase, elle partit d’un éclat de rire, puis elle poursuivit avec colère :

— Ah ! imbécile tête de prince, tu croyais donc qu’une tsigane peut être tenue sous clé comme une demoiselle ? Mais, si je voulais, j’irais de ce pas étrangler ta jeune épouse !