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chka ? » demandai-je aussitôt. Mais personne ne savait rien d’elle. Les domestiques serfs d’autrefois avaient été remplacés par des mercenaires arrogants qui ne me laissaient plus approcher du prince. Jusqu’alors j’avais toujours eu libre accès auprès de ce dernier : entre nous s’étaient conservées les relations familières qui existent à l’armée entre remonteurs et connaisseurs. Mais, à présent, une étiquette sévère régissait nos rapports et je ne pouvais plus communiquer avec le prince que par l’intermédiaire d’un valet de chambre. Cette situation m’était si désagréable que, si j’avais suivi mon premier mouvement, je ne serais pas resté là une minute de plus. Mais j’étais fort inquiet au sujet de Grouchka et je ne pouvais savoir ce qu’elle était devenue. En vain j’interrogeai les anciens domestiques, tous gardèrent le silence : évidemment ils obéissaient à une consigne. À la fin, j’obtins quelques renseignements d’une vieille paysanne qui avait été naguère au service du prince : il n’y avait pas encore longtemps,