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fou ; tous, hors d’eux-mêmes, s’élancèrent vers elle ; les uns avaient les larmes aux yeux, les autres riaient, mais un seul cri était dans toutes les bouches :

— Nous n’épargnerons rien : danse !

Et les cadeaux tombaient à ses pieds, celui-ci jetait de l’or, celui-là des billets de banque. Un groupe de plus en plus compact s’était formé autour de Grouchka ; seul j’étais resté assis à ma place et je ne savais même pas si j’y pourrais tenir longtemps, car la voir marcher sur le bonnet de ce remonteur était un spectacle au-dessus de mes forces… Elle fait un pas, et j’éprouve à l’instant une douleur cuisante ; elle en fait un second : nouvelle douleur. À la fin, je me dis : « Pourquoi me tourmenter ainsi sans nécessité ? » Résolu à satisfaire pleinement mon caprice, je quitte soudain ma place, j’écarte le remonteur et je vais exécuter la prisiadka[1] devant Grouchka…

  1. Figure de la plaska qui consiste à se précipiter aux pieds de sa dame et à reprendre ensuite brusquement la position verticale.