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vérer ainsi dans cette habitude ? Tu n’as qu’à l’abandonner.

— L’abandonner ! répéta-t-il. — A-ah ! non, mon ami, il m’est impossible de l’abandonner.

— Pourquoi ne le peux-tu pas ?

— Je ne le puis pas pour deux raisons : d’abord, parce que, si je ne buvais pas, je ne saurais où aller coucher et je serais obligé de marcher toute la nuit ; la seconde raison, qui est la principale, c’est que mes sentiments chrétiens ne me permettent pas de faire cela.

— Qu’est-ce que tu dis ? répliquai-je. — Que tu t’adonnes à la boisson parce que tu n’as ni feu ni lieu, je le comprends ; mais que tes sentiments chrétiens ne te permettent pas de renoncer à une existence si crapuleuse, cela, je ne veux pas le croire.

— Oui, voilà, reprit-il, — tu ne veux pas le croire….. C’est ce qu’ils disent tous….. Mais, je te le demande, si je renonce à l’ivrognerie, si je laisse là cette habitude, et que