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ment prouva que je ne m’étais pas trompé. Le lendemain, le prince me dit : — Non, Ivan, décidément il m’est impossible d’acquérir le don que tu possèdes. Mieux vaut que je te prenne à mon service comme connaisseur, tu choisiras les chevaux, et je me bornerai à les payer.

Je consentis et je passai trois bonnes années auprès de ce barine qui me traitait non comme un serf ou un mercenaire, mais comme un ami et un collaborateur. Sans les sorties que je me permettais parfois, j’aurais même pu amasser une fortune, car tout propriétaire de haras qui veut faire des affaires avec un remonteur commence par envoyer en catimini un homme sûr au connaisseur pour mettre ce dernier dans ses intérêts ; les éleveurs savent que généralement le remonteur n’entend rien à la besogne dont il est chargé et que l’important est d’être bien avec le conseiller qui le guide dans ses achats. Comme je vous l’ai dit, la nature m’avait doué pour le métier de connaisseur, mais ce métier, je