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de cheval, mes pieds étaient devenus si légers, que je traversai toute la steppe presque d’une seule traite.

— Et à pied tout le temps ?

— Sans doute ; il n’y a pas là de chemins frayés, on ne rencontre personne, ou, si l’on rencontre quelqu’un, le plus souvent on n’a pas lieu de s’en féliciter. Le quatrième jour, s’offrit à mes yeux un Tchouvache qui menait avec lui cinq chevaux. Il m’invita à monter sur l’un d’eux. Je refusai par un sentiment de défiance.

— Pourquoi donc aviez-vous peur de lui ?

— Parce que… je ne sais pas, sa mine ne me disait rien de bon. De plus, il m’était impossible de découvrir à quelle religion il appartenait et, dans le doute, je crus prudent de ne pas voyager avec lui à travers la steppe. En m’abordant, cet équivoque personnage me cria :

— Monte, à deux nous ferons route plus gaiement.