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que la nuit soit venue, puis vous vous glissez tout doucement hors de votre tente pour n’être vu ni de vos femmes, ni de vos enfants, ni d’aucun des païens, et vous vous mettez à prier… Vous priez tellement que la neige même se fond sous vos genoux et que, le lendemain matin, vous apercevez l’herbe à la place où vos larmes sont tombées.

Le narrateur se tut et inclina sa tête sur sa poitrine. Personne ne le troubla, tous semblaient pénétrés de respect pour la pieuse tristesse de ses derniers souvenirs. Mais, au bout d’une minute, Ivan Sévérianitch, poussant un soupir, agita la main comme pour donner congé aux pensées qui l’occupaient ; il ôta son bonnet de moine et dit en faisant le signe de la croix :

— Mais tout cela est passé, Dieu soit loué !

Après l’avoir laissé se reposer un moment, nous nous permîmes de lui adresser de nouvelles questions : nous étions désireux de savoir comment notre preux enchanté avait recouvré l’usage de ses pieds, comment il