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— Je dis comme les Tatares. Pour eux un Russe adulte c’est toujours Ivan, une femme russe c’est Natacha, et les enfants mâles ils les appellent Kolkas. Quoique mes femmes fussent tatares, mes enfants étaient censés russes comme leur père, aussi donnait-on aux garçons le nom de Kolka et aux filles celui de Natacha. Mais tout cela, bien entendu, n’était que de la frime, car ils n’avaient reçu aucun des sacrements de l’Église et je ne les considérais pas comme mes enfants.

— Comment donc ne les considériez-vous pas comme tels ? D’où vient cela ?

— Mais est-ce que je pouvais les regarder comme mes enfants, quand ils n’étaient ni baptisés ni confirmés ?

— Et vos sentiments paternels ?

— Quoi ?

— Se peut-il vraiment que vous n’eussiez pas la moindre affection pour ces enfants et que vous ne leur fissiez jamais de caresses ?

— Pourquoi leur en aurais-je fait ? Naturellement, quand j’étais seul, si l’un d’eux