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pus ; mais, quand la cicatrisation fut complète, ils m’ôtèrent mes liens. « À présent, bonne santé, Ivan, me dirent-ils, à présent tu es tout à fait notre ami et tu ne nous quitteras plus jamais. »

J’essayai alors de me lever, mais je retombai lourdement sur le sol : ces petits morceaux de crin qu’on m’avait introduits dans la plante des pieds, entre cuir et chair, me causaient une douleur atroce ; c’étaient autant d’aiguillons dont les piqûres non seulement ne me permettaient pas de faire un pas, mais me rendaient même impossible la position verticale. Jamais de ma vie je n’avais pleuré, mais en ce moment je ne pus me contenir.

— Pourquoi m’avoir infligé un pareil traitement, maudits Asiatiques ? m’écriai-je. — Vous auriez mieux fait de me tuer que de me rendre ainsi impotent pour le reste de mes jours !

— Laisse donc, Ivan, répondirent-ils, — tu te fâches là pour bien peu de chose.

— Comment ! répliquai-je, — c’est peu de