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vraient toute sa mâchoire… Il allongea encore à Tchepkoun une vingtaine de coups de fouet, mais d’instant en instant son bras faiblissait davantage. Soudain il lâcha la main gauche de Tchepkoun et tomba à la renverse ; sa main droite se souleva encore comme pour frapper, mais déjà il avait perdu connaissance, il était complètement évanoui.

— Allons, c’est fini, j’en suis de mes deux grivnas, dit l’homme qui avait assisté à côté de moi à cette lutte.

Tous les Tatares s’empressèrent de féliciter le vainqueur.

— Bravo, bachka Tchepkoun Emgourtchéeff ! s’écrièrent-ils d’une commune voix. — Bravo, bachka ! Tu as battu Bakchéï à plates coutures ! Monte la jument, elle est maintenant à toi.

Le khan Djangar lui-même s’était levé de son tapis et se promenait en faisant claquer ses lèvres.

— Tchepkoun, dit-il, — la jument t’appartient : monte-la, cela te reposera.