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car il a une furieuse impatience d'avoir sa bru auprès de lui. M.Oronte. Hé, mais toutes les conditions sont arrêtées entre nous, et signées ; il ne reste plus qu'à terminer la chose et compter la dot. Crispin. Compter la dot. Oui, c'est fort bien dit, La Branche. Permettez que je donne une commission à mon valet. Va chez le marquis... Bas.Va-t'en arrêter des chevaux pour cette nuit, tu m'entends... haut... et tu lui diras que je lui baise les mains. La Branche, sortant. J'y vole.


Scène X

M. Oronte, Mme Oronte, Angélique, Lisette, Crispin

M.Oronte. Revenons à votre père, je suis très affligé de son indisposition, mais satisfaites, je vous prie, ma curiosité. Dites-moi un peu des nouvelles de son procès. Crispin, d'un air inquiet. La Branche. M.Oronte. Vous êtes bien ému, qu'avez-vous ? Crispin, bas. Maugrebleu de la question... Haut)...j'ai oublié de charger La Branche, bas. il devait bien me parler de ce procès-là. M.Oronte. Il reviendra. Hé bien ce procès a-t-il enfin été jugé ? Crispin. Oui, Dieu merci, l'affaire en est faite. M.Oronte. Et vous l'avez gagné ? Crispin. Avec dépens. Oronte. J'en suis ravi, je vous assure. Mme Oronte. Le ciel en soit loué. Crispin. Mon père avait cette affaire à cœur; il aurait donné tout son bien aux juges plutôt que d'en avoir le démenti. M.Oronte. Ma foi, cette affaire lui a bien coûté de l'argent, n'est-ce pas ? Crispin. Je vous en réponds ; mais la justice est une si belle chose, qu'on ne saurait trop l'acheter. M.Oronte. J'en conviens, mais outre cela ce procès lui a bien donné de la peine. Crispin. Ah ! cela n'est pas concevable ! il avait affaire au plus grand chicaneur, au moins raisonnable de tous les hommes. M.Oronte. Qu'appelez-vous de tous les hommes ? Il m'a dit que sa partie était une femme. Crispin. Oui, sa partie était une femme d'accord, mais cette femme avait dans ses intérêts un certain vieux Normand qui lui donnait des conseils, c'est cet homme-là qui a bien fait de la peine à mon père... Mais changeons de discours ; laissons là les procès, je ne veux m'occuper que de mon mariage, et que du plaisir de voir Madame Oronte. M.Oronte. Hé bien, allons mon gendre, entrons, je vais ordonner les apprêts de vos noces. Crispin,donnant la main à Madame Oronte. Madame ? Mme Oronte. Vous n'êtes pas à plaindre, ma fille, Damis a du mérite.


Scène XI

Angélique, Lisette

Angélique. Hélas ! que vais-je devenir ? Lisette. Vous allez devenir femme de Monsieur Damis, cela n'est pas difficile à deviner. Angélique. Ah ! Lisette, tu sais mes sentiments, montre-toi sensible à mes peines. Lisette, pleurant. La pauvre enfant ! Angélique. Auras-tu la dureté de m'abandonner à mon sort ? Lisette. Vous me fendez le cœur. Angélique. Lisette, ma chère Lisette ! Lisette.