Page:Les secondes oeuvres de mesdames Des Roches, de Poictiers, mère et fille.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la belle fleur de l’Æglantine, a celui qui le mieux compose un hymne Chrestien. Sev. Avez-vous tantost dit ? Pla. Nenny, je n’ay point encore parlé de celles qui decorent la France : aussi je crains que ma voix tant basse offense leur haute valeur. Si me souvient-il bien pourtant d’y en avoir remerqué beaucoup de qui les graces infinies sont dignes d’infinis honneurs : Comme celles qui sont vivantes feront connoistre a la posterité, empéchant leurs renommées de mourir, par la perfection de leurs vertus & sciences. Autres, que le temps & la mort ont fauchées en fleur, resembleront l’Amarante, qui ne pert jamais sa beauté. Mais quel est cet image qui se presente a moy avec une douce melancholie ? Ha ha ! c’est la claire Diane, de qui la gracieuse face a peine avoit paru en sa rondeur, quand la cruelle Parque la fit disparoistre d’un Eclipse perpetuel.

O belle chaste & savante Diane, puisse ta vive lumiere long tans eclairer les tenebres de mes propos, que je finiray avec un triste soupir, causé par le juste regret de ta mort. Seigneur Severe excusez moy, s’il vous plaist, la nuit & l’ennuy m’elongnent de vostre compagnie. Sev. Bien, bien, une autre fois, je vous demanderay qui étoit celle que vous regretez. Ainsi cependant je me recommande a vos graces : demain j’envoiray ma Fille voir la vostre, s’il vous est agreable au moins.

Pla. Elle y sera la bien venue. A Dieu.