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comme ſi l’Imbecillité de ces petites Beſtioles deuoit eſtre comparée à la grande ſufiſance, qui iournellemẽt ſe connoiſt en nous. Et outre cete preference leur permettant de lire, ce qu’il leur plaiſt, vous donnez licẽce de faire tout ce qu’elles veulẽt. Plac. Ie l’entends ainſi. Mais eſtant guidées par les bonnes letres, elles ne voudront rien faire, qui ne ſoit raiſonnable. Sev. Comme ſi la raiſon auoit place en elles.

Placide.

Ceux qui ont vn peu de raiſon
L’accroiſſent bien par la Sçience,
Mais elle quite ſa maiſon,
Aux maux que traine l’Ignorance.

Soit que les Femmes vous ſemblent ſottes, ou ſages : pourtant ie ſerois d’auis qu’on leur permiſt touiours de lire, afin que les vnes ſe puſſent diminuer la ſottiſe, les autres acroiſtre la ſageſſe, par le moien des liures, qui leurs ſont tres-neceſſaires, quãd ce ne ſeroit que pour les retenir ſolitaire en la maiſon, ſans eſtre oyſiues. Sev. O quel mal-heur de voir vne Femme ſçauante ! Plac. He ! quel eſt-il ? dites ie vous prie.

Sev. C’eſt vn monſtre. Plac. Si ſont bien quelque fois les plus excellentes choſes du Monde. Les mõſtres ne ſont pas touiours teſmoins de l’erreur de Nature, mais ilz demonſtrent ſouuent cõbien ſa puiſſance