Page:Les secondes oeuvres de mesdames Des Roches, de Poictiers, mère et fille.djvu/71

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& l’autre my-ciel, cõme les grües. Combien que ie luy cõmande ſur tout d’arreſter au logis, d’auoir ſoing du ménage : il n’eſt poſſible de la retenir. Ie ne ſuis pas ſorti pluſtoſt qu’elle eſt a la feneſtre, a la porte, en la rüe, en viſite, elle n’a point de repos, ny moy non plus. Or dites moy, Que fait la voſtre maintenant, ou eſt elle ? Pla. En ſa chãbre. Sev. Seule ? Pla. Non, elle eſt auec des ames ſans cors, & des cors ſans ames, faiſant marcher les premiers dãs vn chariot ailé, dõnant aux autres eſpritz & mouuemẽs. Sev. Il ſẽble que vous veuilliez repreſãter quelque Medée. Plac. Non pas : mais bien vne Fille auſſi douce & debõnaire a ſon Pere, que Medée a voulu eſtre cruelle & mauuaiſe au ſien. Sev. Quelz Enigmes dites vous donc ? ie ne puis les entendre. Pla. Si ferez, ilz ſont faciles. Ces Cors animez par elle ſõt des Lutz & Violes que ſa main fait reſonner : les Ames élevées dans le chariot ailé ſont les belles Sentẽces de Plutarque, & de Seneque volantes ſur les ailes de ſes pẽſers, & propos. Sev. Commẽt Placide ? luy permetez vous bien de lire telz Auteurs ? Et ne craignés vous point de les profaner, laiſſant paſſer leurs noms ſeulement par la bouche d’vne Fille. Plac. Ces philoſophes auoient opinion, que les perſonnes moins polues eſtoyẽt plus capables des diſciplines. S’il eſt ainſi les Fẽmes & Filles ſõt plus dignes des letres que les Hommes, pour eſtre plus ſobres, chaſtes & paiſibles. Sev. Vous me faites deſeſperer tenant ces propos :