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DE M. DES ROCHES.
Margve.

Ie ſongeois me voir l’autre ſoir
Bien belle dedans vn miroir,
Et me fut predit de Penſee
D’eſtre en amour fort auancée.

Flev.

Mignonne voyez vous aller par les campagnes
La Bergere Penſée, honneur de vos compagnes ?

Margve.

Ie la voy mon Berger, ie voy ſes blonds cheueux
Enlaſſez proprement de mille petis neux,
Ie voy de ſes yeux vers les diuines flameches,
De Venus le brandon, de Cupidon les flèches,
Ie voy de ſon beau frond l’iuoire blanchiſſant,
De ſes leures ie voy le coural rougiſſant,
Ie voy ſon col marbrin, ſa rondelette oreille,
L’arc de ſes beaux ſourcis, & la joie vermeille,
Ie voy ſon port gaillard, ſa graue maiesté.
Mais ie voy cheminer d’vn pas mal arreté
La belle Roſeline elle eſt toute ennuyee :
Pensée la ſoustient doucement apuyée,
Sur ſon bras delicat : elles viennent vers nous.

Roseline.

La Déeſſe Pales ait touiours ſoin de vous,
O Bergers mes amys, me direz vous nouuelle,
De ce que i’ay perdu ? d’vne petite Agnelle ?