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DE M. DES ROCHES.

Ie le veux accoſter d’vne humble reuerence
Donnant a mes propos vn tel commancement.

Pan le Dieu des Bergers recompenſe vos peines,
Faiſant multiplier vos Brebis porte-laines,
Rende vos troupeaux gras, voſtre ſerf diligent,
Votre champ fructueux voſtre main dure & forte,
Dans voſtre cors dispos garde voſtre ame accorte,
Vos greniers plains de blé, vos cofres plains d’argent.

Viol.

Ainſi ſoit-il de vous, voyre trop mieux encore,
Mais ne m’eſlongnez point du penſer que i’adore.

Flev.

Chaſſez pluſtoſt de vous ce penſer rauiſſant,
Par l’aymable regard d’vne gaye Bergere,
Ce penſer s’enfuyra comme choſe legere,
Un regard amoureux eſt touſiours plus puiſſant.

Viol.

Vraiment des yeux aimez ont beaucoup de puiſſance :
Ie l’ay veu en preſence & le ſens en abſence.

Flev.

Ce qui eſt loing des yeux s’eſlongne außi du cueur,
Aymez les beaux obietz que l’amour vous preſente.

Viol.

Ha ! ie ſuis tant lié des graces d’Amaranthe
Qu’vn autre œil ne ſera iamais du mien vaincueur.