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NOVVELLES ŒVVRES

Le pourtrait des vertus & beautez de Madame.
O penſer mon mignon combien i’ay de douceurs,
Combien i’ay de plaiſirs, de tes ſaintes faueurs !
O mon cher compagnon, par ta douce preſence
Ie voy les yeux fermez, le diſcours en abſence.
O gracieux penſer tu charmes doucement
Mes ſens qui ſont par toy priuez de ſentiment.

Flevrion.

Le Ciel me rit touſiours ie ſaulte d’alegreſſe,
I’oeillade les beautez de ma chere maiſtreſſe,
Ie nourris mon esprit de ſes propos tant dous,
Ie ſuis favoriſé de la fortune heureuſe,
Et i’ay tant de plaiſir en ma vie amoureuſe,
Que le Bonheur ſeroit de mon bonheur ialous.

L’Ennuy pâle & defait iamais ne ſe rencontre,
Au deuant de mes yeux, le Soupçon ne ſi monſtre,
La Crainte, le Souci, la Peine, & la Douleur
S’écartent loing de moy, voyant ce beau viſage,
Cette vnique beauté, qui me tient en ſeruage,
Brief le Bonheur ſeroit ialous de mon bonheur.

Mais qui eſt ce Berger penſif & ſolitaire,
Qui ſe tire à l’eſcart fuyant le populaire,
Et ſe monstre rauy en un grand penſement ?
Seulet il s’entretient du paiſible silence,