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Il entra pourtant. Ida le dirigeait avec art. Gretchen ne poussait qu’avec mesure…

— Mes amies, vous me déchirez !… Vous m’assassinez !… Ah ! j’en suis… j’en suis toute pleine !…

On entendit comme un craquement. Puis elle poussa un cri terrible…

— Ne vous plaignez pas ! lui dis-je, c’est la mode !

Longtemps, bien longtemps, jusqu’à une heure avancée de la nuit, se prolongèrent ces jeux à la mode. Le dernier coup de la dernière partie fut le plus piquant. Vraiment on me fit l’honneur de m’y donner place et voici comment.

Représentez-vous votre serviteur étendu horizontalement sur le lit. Madame de Charnac ou la prostituée du grand monde est au bord, enfilée par Gretchen à la façon des bêtes. Ida, accroupie sous elle, la lèche doucement, et la grande dame elle-même, s’abattant sur moi, me suce avec fureur… Puis se relevant, les yeux troubles, chancelante, étourdie :

— Fais-moi rhabiller et sortons d’ici, me dit-elle. Lorsque nous fûmes remontés en voiture, je me mis à la contempler avec admiration comme une personne digne de son rang par sa luxure.

— Êtes-vous contente ? lui demandai-je.

Elle leva doucement les épaules.

— Bah ! me dit-elle, c’est la mode !