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chaque main, je priai ces deux aimables filles de rejeter la couverture de leur maîtresse et d’ôter elles-mêmes leur chemise, ce qu’elles ne me refusèrent point.

Elles étaient forts brunes l’une et l’autre ; Coralie, au contraire, était assez blonde, assez petite, un peu trapue même, avec des seins qui ressemblaient à des boules d’ivoire, des flancs bien remplis, la cuisse et la jambe replètes, mais la cheville fine avec des amours de pieds, comme on n’en voit qu’à Paris ou en Espagne. Quant à son joli fessier rose, tout le beau monde masculin et féminin même l’a pincé, mordu, fouetté. Quel charmant visage de coquine avait Coralie ! Fi ! Le minois impudent ! Quels yeux à la perdition de toutes les âmes ! Et quelle bouche également faite pour l’amour et pour rire au nez du genre humain, tout en lui mangeant son argent !

— Tiens ! me dit-elle en me jetant son pied au visage, baise l’instrument de ton plaisir ; je vais te le faire entre ces deux petons-là !

Ah bien oui ! Le timbre résonna à la porte de l’appartement. Nana, en costume de la mère Ève, courut s’informer du visiteur et revint éperdue.

— Madame, c’est monsieur le duc ! Je l’ai fait entrer dans le boudoir.

— Mon doux ami, me dit Coralie en se levant, souffre que j’aille gagner cinquante louis.

Drelin, drelin, drelin ! Ce fut au tour de Rosine d’aller aux nouvelles.

— Madame, madame, c’est le gros banquier !

— C’est cinquante autres louis vraiment ! s’écria Coralie en battant des mains.

Drelin, drelin, drelin ! Cette fois les deux filles y coururent ensemble.