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baise-les, mords-les : elles en valent la peine !… Je me retourne !… Agenouille-toi devant ce sublime derrière : de plus grands que toi l’ont bien fait !… Je ne rougis point de le dire, c’est en le prêtant aux augustes goûts du prince, mon époux, que j’ai conquis mon rang d’altesse. Le bon prince jurerait qu’il en a eu les gants !… Le pauvre homme !… Mais je me suis échauffée en parlant de moi-même… Viens !

En même temps, elle frappait trois coups sur un timbre d’argent. Trois filles d’honneur entrèrent.

Sur un geste de leur noble maîtresse, deux d’entre elles s’approchèrent de moi et se mirent en devoir de me déshabiller. Je me laissai faire, confondu de tant d’honneur qu’on me rendait. La troisième alla chercher un bassin d’or et une éponge fine, et se mit à laver les appas les plus secrets de la princesse. Elles se retirèrent. La princesse alors s’élança dans mes bras, et, nus tous les deux, nous échangeâmes de délicieuses caresses. Je voulus couronner ces préludes… Mais elle m’arrêta.

— À quoi servirait d’être souveraine, me dit-elle, si c’était pour jouir en bourgeoise !

Elle frappa de nouveau sur le timbre d’or. Tout le fond de la chambre s’enleva par enchantement comme un rideau, et un théâtre m’apparut sur lequel il y avait un trône. La princesse en monta les gradins d’un air majestueux, m’invitant d’un signe à la suivre. Une musique invisible et délicieuse se fit entendre, et de la coulisse sortit un essaim d’admirables filles à peine vêtues d’une écharpe enroulée autour des flancs et dansant des pas voluptueux. Un bel adolescent parut, monta les degrés du trône.

— Zénaïde, dit-elle, mets-le-moi !