Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66

secouer la porte ; mais elle était fermée au verrou. J’essayai de coller un de mes yeux à la serrure… On ne voyait rien ; mais on entendait.

J’entendis des chuchotements, des baisers, des gloussements de poules amoureuses, un froufrou de robe qui glissait par terre, des bottines légères qu’on jetait au loin, puis un silence…

— Toute nue ! toute nue ! cria Blanche. Ah ! je te tiens, marquise !

— Appelle-moi putain ! dit la grande dame.

— Oh ! le joli bibi !

— Ah ! le beau con !

Le sofa gémit. Ce furent alors des soupirs, des hurlements furieux… Soudain il y eut une interruption causée par Blanche, qui toussait, qui crachait, qui étouffait.

— Cher ange ! dit marquise, qu’as-tu donc ? Un de mes poils dans ta gorge ?

— C’est qu’on n’en a jamais vu de si longs !… Ah ! le voici !…

Et les soupirs de recommencer.

— Mamour ! cria la marquise ; l’homme est-il là ?

La porte s’ouvrit. Quel spectacle !

Blanche, nue comme une reine sauvage, m’introduisit. Sur le sofa je vis sa complice étendue dans le même costume de nature, le corps tout marbré de baisers et de morsures, les cuisses écartées, les flancs agités de tressaillements convulsifs, la tête renversée sur les coussins et le visage couvert d’un mouchoir.

— Blanche ! murmurait-elle, je n’en puis plus ; qu’il vienne !

Parbleu ! j’arrivais. Ces cuisses bondissantes et le buisson noir entr’ouvert, tout cela me transportait d’une