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La marquise à Blanche.

« Mais il ne se montrera que lorsque nous l’appellerons ! »

— Vois-tu, me dit Blanche, qui m’avait envoyé chercher et qui venait de me conter son histoire, elle a encore de la pudeur. Mon cher, sais-tu que c’était là ma seule ambition ! Gamahucher une femme du monde !

Excusez-moi, belle lectrice : le beau cavalier que cette friponne de Blanche allait offrir à la marquise, c’était votre serviteur.

J’avais trouvé Blanche à sa toilette, et je vous réponds qu’elle en fit une minutieuse où je l’aidai de mon mieux. C’est moi qui la couvris d’essences et de poudre à la maréchale. Vous savez que c’est une belle fille toute blanche, toute blonde, toute ronde. Nous étions là tous les deux, moi faisant couler quelques gouttes d’eau de Portugal sur sa motte dorée, elle recevant cette libation avec une impatience fébrile. Je voulus prendre quelques libertés. Elle m’arrêta :

— Gardons nos forces tous les deux, me dit-elle.

La camériste entra, portant un paquet cacheté à l’adresse de Blanche. Nous fîmes sauter les cachets. Le paquet contenait un superbe godemichet dans un étui d’argent aux armes princières avec cette inscription gravée : « Edwige à son ange ! »

Pendant que nous admirions cette pièce curieuse, une voiture s’arrêta au pied de la maison. Blanche me jeta dans un salon contigu à son boudoir :

— Je t’introduirai quand il en sera temps, me cria-t-elle.

Eh ! morbleu, pourquoi pas tout de suite ? Je me mis à