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Pauvre Gustave !… Mais vous voyez bien que nos jupes retombent !

— Mettons-nous en chemise !…

Julie s’élança, ferma tous les verrous, y compris celui du cabinet où je me trouvais caché en compagnie de Calprenède.

— Bon ! lui dis-je.

— J’ai ma bague de diamant pour couper une vitre au bon moment, quand elles jouiront, fit-il.

La porte du cabinet était vitrée en effet, et garnie d’un rideau de mousseline. Nous n’y pouvons tenir plus longtemps. Nous nous levons, nous venons coller nos yeux à ce rideau transparent.

En chemise toutes les deux ! Le garçon épicier avait eu bien raison de dire qu’elles étaient accortes. Elles se ressemblaient beaucoup, petites, grasses, rondes et fermes l’une et l’autre. En chemise, ai-je dit ? C’est vrai, mais troussées jusqu’à la ceinture !… Julie alla ouvrir les rideaux de l’alcôve.

— Julie ! Julie ! s’écria Nanine. C’est donc vous qui ferez le cavalier.

— Oh ! que non point ! dit Julie. C’est trop gros pour toi, Nanine. Moi, j’ai eu ma petite Lili. Je suis bien plus large depuis mon accouchement. Il faut essayer sur moi. Viens…

— Ah ! je n’oserai jamais.

— Sotte !… Je vais me mettre au bord du lit… Tiens ! me voilà dans la posture… Viens donc… Faut-il aller te chercher ?

— Hélas ! Julie… Eh bien ! ma foi, tant pis, tu as raison… J’arrive !

— Embrasse-moi d’abord… Oh ! ne crains point !… Sur la bouche. C’est l’illusion que nous cherchons !… Tu es un