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VI

LA FRAISE

— Assez dormi, ma belle… Le ciel est pur, le temps est doux, les oiseaux gazouillent sous la feuillée toute neuve ; mets ta robe blanche, ma mie, nous irons tous deux au bois.

Laurette y consentit de grand cœur vraiment ; nous montons en chemin de fer, nous descendons à la gare de Sèvres, nous montons vers la forêt.

Arrivés sous les ombrages, bien sûrs d’être seuls et sans témoins, nous nous reposâmes un moment. Laurette me présenta sa bouche, j’y mis un baiser, deux baisers, dix baisers. Mais Laurette était distraite. Je suivis la direction de son regard, j’aperçus une source fraîche filtrant sous l’herbe et qui formait un petit bassin naturel entouré de pâquerettes. Je compris l’envie de ma maîtresse et je la menai vers la source. Elle se mit à cheval au-dessus de l’eau, je voulus la laver moi-même.