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Ô nature ! Nature ! Capricieuse en tes desseins, tu as voulu placer le cœur près du ventre. Et ainsi l’émotion de l’un précipite le cours de l’autre. C’est ce qui m’arriva. Je fus obligé vers la fin de la soirée de chercher fortune, et, me coulant le long d’un corridor obscur, j’arrivai dans un cabinet qui me parut être une garde-robe. Il y régnait une douce odeur d’essence de jasmin qui n’est rien moins qu’ordinaire en ces lieux-là… Je vais, tâtant avec la main, je trouve une chaise percée. Nécessité n’a point de loi…

Tout à coup, comme je finissais mon œuvre, un bruit de pas légers, un froufrou de soie se fait entendre dans le corridor… On pousse la porte, on entre… Je ne bouge point.

La dame savait bien où était située la chaise percée… Elle prend ses mesures en conséquence. Elle vient à reculons, soulève ses jupes, qui m’enveloppent comme une épaisse nuée, et deux fesses rondes, pleines, grasses, chaudes, satinées, s’abattent sur moi, croyant se poser sur un autre trône.

— Ah !… Au secours !… Quelle horreur !… Qui est là ? Un homme !…

Le malheur, c’est que tout en se posant, elle avait commencé de pisser… Un flot brûlant m’inonde les cuisses.

— Au secours !… Un homme !…

— Madame, au nom du ciel, ne criez pas !

— Un homme !…

Comme si elle avait besoin d’entendre ma voix pour savoir que c’était à un homme qu’elle avait affaire ! Certain signe parlant le lui disait bien… La marque de mon sexe s’agitait sous elle.

— Monsieur !…

Elle poussait toujours.