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— Mademoiselle veut-elle le bidet ?

Suzanne regarda vers l’armoire et sourit, hésita, sourit encore et se mit à cheval sur le bidet.

La camériste vint derrière elle et lui enleva sa chemise pour lui passer le peignoir de nuit. Suzanne se releva prestement, nue comme la mère Ève.

— Une serviette, Julie ! Une serviette ! criait-elle.

Julie lui présenta cette serviette. Suzanne la prit, congédia la fille, en disant qu’elle se mettrait toute seule au lit, et ferma la porte au verrou.

Alors je sortis de l’armoire. Je couvris de millions de baisers cette chair brûlante et dorée. Tout était nouveau pour moi dans ces pays inconnus… Non ! Je n’oublierai jamais une mèche noire et soyeuse qui s’échappait du vallon ouvert entre ces admirables fesses… Cette chère fille était si bien disposée par la nature à l’amour et au plaisir, qu’elle ne s’étonna point quand je glissai ma langue par ce friand sentier…

— Tu baises aussi cela ! me dit-elle.

Une nuit la rendit experte en tout et savante. Ah ! le bon billet qu’avait Berg-op-Zoom !…

Huit jours après, ils se marièrent. Le matin, avant la cérémonie, Suzanne m’avait écrit : « Viens ! Julie cette fois est avertie. Elle t’introduira par le jardin. Je veux que tu me baises dans ma robe de mariée ! »

J’arrivai. La camériste m’attendait.

— Julie, ma fille, lui dis-je, vous pouvez faire votre fortune comme je ferai le premier enfant du marquis de Berg-op-Zoom, votre nouveau maître. Prenez, et soyez muette !

Julie prit ma bourse et me fit de grands serments.

Cependant les voitures de la noce roulaient au pied de la maison. Suzanne ne fit qu’un saut de son carrosse tout