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Je la vis enveloppée dans un grand manteau de fourrure qu’elle jeta sur un fauteuil ; elle fit de même de son chapeau et vint se poser à côté de moi sur un fauteuil d’un air innocent et délibéré à la fois, — tout simplement.

— Bonjour, cher, me dit-elle. J’ai voulu venir passer une journée, toute une bonne journée près de vous. Simple comme je suis, je n’y ai pas résisté.

— Votre simplicité est-elle déjà rassasiée de l’ingénuité de votre valet Baptiste ? lui demandai-je en la regardant aux yeux.

— Baptiste ? fit-elle. Je n’ai plus de valet de ce nom-là… Et puis que voulez-vous dire ?

Ses mains en même temps devenaient errantes. Et moi ! Ô lâcheté de l’homme qui sent l’aiguillon du plaisir ! Les miennes les imitèrent.

— Parbleu ! dis-je à mon infidèle, vous avez une robe bien lourde.

— Je l’ôterai, répondit-elle — simplement.

Simple en toutes choses, elle portait toujours de simples chemises de toile comme une pensionnaire. Il faisait au dehors un froid très piquant ; elle n’avait pas pris le temps de se réchauffer au feu, elle avait la chair de poule. Cette peau rougie me fit grand pitié. Elle s’en aperçut bien, la coquine, et vint s’asseoir à cul nu sur mes genoux, le visage tourné vers le foyer. Tout cela si simplement !

Ah ! Que cette femme de haut fonctionnaire s’entendait bien à déculotter rapidement un gentilhomme ! Tenant l’objet de son envie dans sa main, Pauline, — simplement — le fit passer sous elle et voulut se le planter…

L’épée n’entra point si aisément dans la gaine. Quelle gaine étonnante ! Elle s’ouvrait encore la première fois