Page:Les Tableaux vivants, 1997.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16

déchire comme l’éclair déchire la nue ; il n’a pas plus de durée que l’éclair.

Il y a des clitoris, au contraire, qu’il suffit d’effleurer pour leur donner la vie. La branlade est vraiment une pierre de touche, et si la cavale frémit aux premières atteintes du doigt qui la caresse, usez de ménagement et d’art.

— Si jamais elle n’a été touchée auparavant…

— Ah ! c’est une opération délicate que de branler une vierge.

Là, tout est expérience. On branle à l’aventure. Un soupir, un tressaillement doivent vous avertir que la crise est prochaine. Quelquefois l’ingénue se dérobe :

— Vous al… vous allez trop fort !

Un homme d’esprit qui fut en même temps un grand libertin avait coutume de dire :

— Dieu me fasse la grâce de me donner des doigts lestes !

La légèreté ne suffit pas : il faut encore toucher juste… Le clitoris fuit, il faut le saisir. Vous n’avez peut-être jamais branlé aucune de vos maîtresses, sans que dans le cours de ce travail elle ne vous ai dit :

— Ce n’est pas là !

Que les hommes sont maladroits ! Les femmes savent bien mieux s’y prendre. C’est ce qui justifie Lesbos.

Encore, quand deux femmes se rendent entre elles le service éminent de se branler l’une l’autre, la besogne n’est pas parfaite. La tribade la plus accomplie touche quelquefois à côté.

— On n’est pas là ! me dit Valentine.

Le théâtre de notre rendez-vous était au moins étrange. C’était une fenêtre grillée sur le bord de laquelle Valentine était montée. Et moi de me hisser comme j’avais pu sur