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— Tu veux être tribadée ! lui dis-je.

Elle ne s’en défendit que faiblement…

— Et par qui serais-je tribadée ? me répondit-elle ; je ne me connais point d’amies qui aient ces goûts-là…

— Cherchons ! lui dis-je en l’embrassant. Cherchons et nous trouverons. Duchesse de mon âme, n’as-tu point d’abord tes femmes de service ?…

Elle se frappa le front :

— J’ai Fanny ! s’écria-t-elle.

Fanny était une de ses filles de chambre, une fière gaillarde fraîche comme une cerise sauvage qui, uniquement chargée de la toilette de sa maîtresse, ne faisait aucun ouvrage servile et dégoûtant.

Je m’écriai :

— Appelons Fanny !

Ma duchesse sonna :

— Tu feras le marché ! me dit-elle.

Fanny entra.

— Bonjour, friponne, lui dis-je. Combien gagnes-tu par mois pour habiller ta maîtresse ?

— Cent francs, monsieur…

— En veux-tu trois cents ? Lève cette couverture et viens baiser la motte d’or de la duchesse qui t’attend !

— Ah ! dit Fanny, je le faisais pour bien moins à madame la baronne de Mentroshdorff, que je n’aimais point… et j’aime madame la duchesse !…

Elle s’avançait, elle était au bord du lit, quand la duchesse prit la parole :

— Déshabille-toi, ma petite Fanny, fit elle d’une voix faible.

Et Fanny obéit. Elle était brune et robuste, ferme comme une beauté des champs, bien que lascive comme