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— Baise-le.

Ce qu’elle fit.

Ses lèvres, guidées par la nature, s’escrimèrent si bien que le jus en sortit.

Alors elle reconnut que cet objet précieux n’avait pas moins de saveur que de charme. C’est ce que, dans son ingénuité ordinaire, elle confessa sans détour au séducteur, qui lui dit :

— Attends un peu.

Ce ne serait pas la peine d’être le diable si l’on n’avait point une vigueur diabolique.

Satan jeta donc notre mère sur le gazon et le lui fit à l’épicière.

Il la retourna et le lui fit en levrette.

Il la pria de se coucher sur lui et ce fut elle qui le lui fit en gamin.

Après quoi, n’étant pas encore satisfait, il la retourna pour la seconde fois et le lui fit à la Grecque.

— En cul, madame, ne vous en déplaise, comme à Sodome.

Ève cria bien un peu, mais le trouva bon. »

Ainsi donc elle avait tâté du gland par tous les bouts, humé par toutes les bouches la liqueur divine qui en sort.

Comme cette histoire est difficile à raconter aux enfants, on leur dit que ce gland était une pomme.

C’était bien un gland.

Ma duchesse m’écoutait en riant.

— Voilà une amusante fantaisie, me dit-elle. Maintenant passons aux bonnes histoires. Je veux jusqu’à demain jouir par les oreilles.

Elle me fit asseoir auprès d’elle ; j’avais les deux mains sous ses jupes. La duchesse tenait entre ses doigts roses le