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causes d’erreurs.

d’intelligence. Et puis, comment savoir au juste, et autrement que par mon impression personnelle, ce que mon travail de rature a laissé de révélateur dans un billet ?

Je me suis avisé d’un biais. J’ai fait copier tous mes documents par la même personne ; le copiste a reçu l’ordre de reproduire le texte des originaux sans s’occuper des blancs, des interlignes, des paragraphes, etc., mais en conservant la ponctuation. Il a copié non seulement les lettres, mais les adresses. Avec ces documents copiés, j’ai composé les mêmes couples qu’avec les originaux ; cet artifice m’a permis de savoir si le contenu des lettres qui me servaient de documents pouvait, à lui seul, écriture à part, guider l’expert dans son choix.

J’ai adressé ces documents copiés à un de mes plus obligeants collègues de la Société de l’enfant, M. Lacabe, inspecteur primaire, afin qu’il cherchât à deviner pour chaque couple quelle est la lettre qui émane de la personne la plus intelligente. Toutes les instructions nécessaires, je les ai données à M. Lacabe par écrit ; et il s’est bien trouvé que j’avais fait un travail suffisant d’émondation puisqu’un esprit aussi fin que celui de mon collègue n’a obtenu que 56 p. 100 de solutions justes, contre 44 p. 100 de solutions fausses.

Signalons une dernière cause d’erreur, que j’avais prévue avant de commencer les expériences, et qui s’est réalisée dès mes premiers essais.

Les graphologues ont reconnu quelques-unes des écritures que je leur soumettais.

Il fallait s’y attendre. À notre époque, les hommes de talent sont devenus la proie de la publicité ; et leur écriture est presque aussi connue que leur tête. Les graphologues, du reste, excités par une curiosité légitime, ne manquent pas de regarder ces spécimens d’écritures célèbres, qui leur sont fournis soit par des recueils spéciaux, soit par des albums de réclame, comme le Mariani[1].

  1. M. Crépieux-Jamin me fait remarquer que ces albums donnent des reproductions défigurées par la réimpression, qui tend à uniformiser leur relief. D’accord. Mais il me semble que malgré ces défauts, le spécimen imprimé garde une individualité suffisante pour permettre de reconnaître ensuite un autre spécimen de la même écriture.