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causes d’erreurs.

pas, et surtout à ceux qui sont morts, j’imagine que les copies et les dictées enlèvent à l’écriture le naturel de son allure. Sans doute, les graphologues se récuseraient, et ils en auraient le droit. J’ai bien pensé à un autre moyen ; au lieu de lettres, utiliser des adresses écrites sur des enveloppes ; et j’ai même commencé une expérience avec 32 enveloppes, qu’il fallait comparer deux à deux, mais les graphologues se sont plaints si vivement de l’insuffisance de ces documents que j’ai renoncé à poursuivre. Ils avaient raison de se plaindre ; leurs solutions n’ont pas été brillantes.

M. Crépieux-Jamin fournit 6 erreurs et 10 solutions exactes. Mme Urgern Steinberg : 5 erreurs et 11 solutions exactes. MM. Eloy et Depoin travaillant de concert : 6 erreurs, 8 solutions exactes, et pour le reste ils ne se prononcent pas. Mme de Salberg : nombre égal de réponses justes et fausses. Enfin, une expérience collective faite à la Société de graphologie (hors de ma présence, et à l’instigation de M. Depoin) par cinq personnes produisit 10 réponses justes, 5 erreurs et une réponse douteuse. En faisant masse de tout cela, on obtient les proportions suivantes :

Réponses justes
47
Réponses fausses
30
Expressions de doute
3

Soit un pourcentage des réponses justes égal à 61 %, alors que le hasard donnerait 50 % [1], puisque le nombre des

  1. M. Crépieux-Jamin s’insurge contre mon calcul. « Toujours vos solutions de hasard ! C’est une bonne idée, assurément, et vous l’avez développée avec beaucoup d’ingéniosité, ici et ailleurs, mais c’est terriblement choquant de lire : « soit 61 %, alors que le hasard donnerait 50 %. » Sous cette forme-là n’est-ce pas erroné ? En effet, vous opposez une solution d’expérience définie à une solution de hasard sur un nombre infini d’épreuves. Je me suis amusé à jouer à pile ou face, devant MM. Eloy et Depoin, le sexe de cent individus. Face était un homme — Nous avons eu 37 hommes et 63 femmes — Voilà une solution de hasard entre deux termes. Elle n’est pas de 50 %. Ce 50 % est le résultat du hasard dans un nombre considérable d’épreuves, et vous ne pouvez pas l’opposer à une épreuve. Vous voyez bien que 63 % est encore une solution de hasard, et j’imagine bien que dans une série extraordinaire on obtiendrait sensiblement plus, je n’ose pas dire combien, mais cela doit se calculer aussi. Le hasard pourrait donner bien d’autres résultats. Pour calculer une supériorité sur le hasard, une seule épreuve ne tranche rien, il faut opposer une moyenne de nombreux résultats à cette autre moyenne de 60 %, sans quoi vous comparez le fini à l’infini. » Tout cela est très juste. Nos épreuves ne sont pas assez nombreuses pour qu’on puisse dire, en analysant nos pourcentages : il y a tant de ces solutions qui sont dues certainement au hasard : par exemple, sur 63 % de réponses justes, il y en a 50 % à défalquer, car elles sont produites par le hasard. Il me semble bien que j’ai eu jusqu’ici la prudence de ne pas me prononcer dans un langage aussi tranchant. Je dis d’ordinaire : 63 % est supérieur