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l’intelligence dans l’écriture.

le papier (format, couleur, odeur), l’encre, les en-têtes, le texte, ne sont cependant pas toujours à dédaigner. »

M. Eloy est celui qui révoque le plus fortement en doute l’influence de l’écrit ; l’expression malgré moi paraît le choquer. Il déclare : « Le contenu des lettres ne m’impressionne pas malgré moi ; s’il en était autrement, je ne devrais pas faire de graphologie. Il me guide, quand j’ai un certain nombre de documents d’un scripteur, pour discerner celui ou ceux qui sont de l’écriture la plus habituelle et la plus normale. »

La place me manque pour citer tout le monde. Je ne puis cependant me dispenser, en terminant, de donner la parole à M. Paulhan, qui a finement traité cette sorte de cas de conscience : « Je crois que je me laisse influencer en certains cas et jusqu’à un certain point par le contenu des lettres. Je tâche de réagir contre cette influence, non point pour l’écarter absolument, mais pour l’empêcher de m’égarer. Les renseignements fournis par le contenu de la lettre et ceux que donne l’examen de l’écriture se combinent. Je ne crois pas que les premiers soient prépondérants. Mais ils peuvent renforcer les seconds, aider à les interpréter. »

Voilà un beau choix d’opinions disparates. Il est inutile de chercher une conciliation entre M. Humbert qui ne lit pas, M. Eloy, qui lit, mais refuse de croire à une influence quelconque, et MM. Crépieux-Jamin, Vie et Paulhan qui croient réelle cette influence, mais précaire, et tantôt s’en servent, tantôt s’en méfient. Il y a dans ces réponses non seulement de la graphologie, mais surtout des différences de caractère et de tempérament.

Quoi qu’il en soit, la première règle de l’expérimentation est la méfiance. Il suffit qu’une erreur soit dans les choses possibles pour qu’on s’arme contre elle. Notre devoir est de mettre nos experts en face d’un écrit où sont supprimées toutes les suggestions qui pourraient aider ou entraver leurs conjectures sur l’écriture. Comment arriverons-nous à supprimer le contenu des lettres ?

On m’a conseillé d’utiliser des lettres que j’aurais dictées ou fait copier, et qui toutes contiendraient les mêmes phrases ; mais outre qu’il serait difficile de demander cet acte de complaisance à tant de gens célèbres que je ne connais